Descriptif
La représentation du corps féminin est un thème classique en histoire de l’art ; il relève d’une longue tradition picturale. La photographie, malgré le fait que ce soit un phénomène beaucoup plus récent, a acquis ses lettres de noblesse et est considérée depuis longtemps comme un art à part entière. C’est aux frontières de ces deux éléments fondamentaux de l’histoire de l’art que travaille Éliane Excoffier. Cette artiste utilise la photographie au sténopé. Un trou minuscule est percé dans une boîte. À l’intérieur, on place du papier photographique. La lumière passe par un trou et l’image vient s’imprimer sur le papier. L’image négative peut alors être développée dans une chambre noire. Technique minimale et processus lent et laborieux. Le résultat donne une atmosphère mystérieuse ainsi que l’aspect quelque peu vieillot des photographies anciennes. On dit que par le sujet et cet aspect vieillot, on sent l’influence de Bellock qui photographiait des prostituées au début du XXe siècle. Par le côté évanescent de l’image, on peut y voir une réminiscence de la photo spirite (le paranormal, la transparence des corps, l’émanation des fluides). Mais au-delà et en même temps par ces influences et cette technique, l’image devient une forme d’art dans laquelle la sensibilité et la subjectivité de celui qui regarde sont primordiales. N’avons-nous pas, comme dans certaines peintures classiques, l’impression de regarder par le trou de la serrure ? Trou de serrure où apparaît un corps féminin sans visage, un corps dont la blancheur et la luminosité nous emmènent à douter de la réalité représentée.
Lieu d'exposition
CorridArt