Descriptif
On retrouve chez Jérôme Fortin le plaisir du travail manuel, de la manipulation de l’objet. Comment travaille cet artiste dans ses différentes séries, que ce soit des livres, des bouchons de bouteilles de bière, des attaches de plastique pour le pain ou, comme ici, des bouteilles de plastique ? Dans cette dernière série, Jérôme Fortin a commencé par sillonner le fleuve Saint-Laurent en ramassant patiemment les bouteilles de plastique rejetées par les grandes marées. Il les coupe ensuite en fins et longs rubans. Ces longs rubans gardent la mémoire de la forme de la bouteille et en les étirant, on obtient la forme d’une vague. Il fixe ces mêmes rubans sur un tondo (forme ronde) rappelant un hublot ou la mer vue d’une lunette d’approche. On évoque donc les vagues et le mouvement de la mer sans pour autant oublier l’aspect bouteille par le nombre de goulots visibles sur le tondo. Fortin aime s’inspirer des objets qui existent, manufacturés, du quotidien. Il les observe et travaille avec leur spécificité (volume, forme, couleur, texture) et trouve des manières de les assembler. Précision, patience et dextérité sont indispensables. Il travaille à répéter les mêmes gestes sur une même catégorie d’objets. Un véritable travail d’artisan où les objets usuels deviennent, par son intervention, de précieux objets. «Ce que j’aime, c’est de présenter des objets et que les gens aiment ces objets, les trouvent beaux ; faire redécouvrir aux gens des objets qu’ils manipulent à tous les jours et qu’ils jettent sans regarder.» Ainsi, les objets jetables prennent une nouvelle valeur. Nous convoque-t-il ainsi à une réflexion sur la consommation de masse ou sommes-nous surtout dans le domaine ludique où cette patience artisanale est là surtout pour le plaisir de l’œil?
Lieu d'exposition
CorridArt