Descriptif
Dans sa peinture, Véronique Chagnon-Côté donne à voir des paysages aux bâtis improbables, soulignant ainsi que tout morceau de nature est d’ores et déjà construit par le regard humain. Le dôme dont il est question évoque la sphère géodésique de Richard Buckminster Fuller, bien connue à travers le monde dans sa version de l’île Sainte-Hélène à Montréal, construite pour le pavillon des États-Unis lors de l’exposition universelle de 1967. Rare pavillon toujours en place sur l’île artificielle, la structure abrite aujourd’hui la Biosphère.
Par sa facture lisse et sa façon d’exploiter les ruses de la peinture (textures illusoires, lumière représentée, profondeur suggérée), le tableau rend compte de l’utopie dont cette architecture a été porteuse et le désenchantement des promesses non tenues. Malgré les progrès dans plusieurs domaines, l’humain doit faire face à d’autres problèmes comme les désastres environnementaux. La nature se cultive désormais dans les serres, semble suggérer le tableau qui, sans faire l’apologie ou le procès de la technologie reconnaît son pouvoir grandissant dans nos vies. Le rendu méticuleux de la toile, que l’on pourrait confondre avec un procédé mécanique, parle d’une autre survivance : celle de la peinture, que certains ont déjà déclaré morte (symboliquement). L’artiste choisit d’aborder l’image comme une construction, confinant à l’illusion la distinction entre les espaces intérieur et extérieur, entre le paysage et l’architecture.