Descriptif
Parmi cette myriade de figures féminines qui s’organisent sur la surface blanche, nous ne saurions guère en distinguer une plus que les autres. Elles semblent toutes avoir été clonées sur le modèle unique et typé de la jeune fille en robe noire. En duo avec une figurante, l’artiste a pris une multitude de poses devant la caméra pour réaliser cette composition qui, par sa chorégraphie alambiquée, traite des relations de l’individu avec la collectivité. Repli, torsion, abandon, agrippement… les figurines à l’étoffe sombre se déclinent ainsi par enchainement et forment sur le support des motifs, une écriture inventée qui n’est pas sans rappeler les frises ornant les monuments et les temples de l’Antiquité. Nul combat héroïque n’est pourtant ici relaté, que l’acharné désir de concilier les tensions entre la différence et la répétition, l’identité et l’anonymat. En faisant promener le regard de l’ensemble aux détails, l’artiste nous amène à considérer ces différents états, allant de l’harmonie à la discorde, comme s’il s’agissait de petites batailles ponctuées de sursis. Cette œuvre fait partie de la série « Gymnastique signalétique » qui a fait connaitre Annie Baillargeon à ses débuts. L’artiste a par la suite développé un travail qui, toujours au moyen de la mise en scène du corps et de la manipulation numérique de l’image, s’est avéré de plus en plus axé sur l’ornementation, la théâtralité et le fantastique.